Suppression du diplôme d'ISP, trente ans apprès quelle transmission ?
- Par serpsy1
- Le 13/03/2022 à 10:53
- 3 commentaires
Programme de la journée
8 h 30 Accueil des participants
Mots de bienvenue : Thierry Acquier, Directeur du Centre Hospitalier Edouard Toulouse
9 h : Introduction : André Péri, ISP, Responsable de l’Astronef, Edouard-Toulouse
Cette journée est basée sur le principe de la lecture de textes écrits par des infirmiers qui travaillent en psychiatrie par les comédiens associés à l’Astronef. Il s’agit tout autant de les écouter, de les entendre et de rebondir pour nourrir nos réflexions d’aujourd’hui. Choisir des textes fut difficile. Nous avons fait le choix de proposer aux comédiens des textes qu’ils auraient plaisir à lire, des textes à se mettre en bouche et à partager de vive voix, des textes à incarner. Bien d’autres textes auraient pu être choisis tant est grande la richesse de la littérature infirmière en psychiatrie.
9 h 15 Avant-hier- Naissance d’une profession
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Témoignage de Marius Bonnet, dans la revue Esprit (1953). Infirmier à Saint-Alban, il fut avec son compère Louis Gauzy, le premier infirmier à intervenir à un congrès de psychothérapie. C’était à Barcelone en 1958. Leur intervention portait sur le Rorschach. A lire : La fête votive de 1957 à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban [1] Marius Bonnet, Louis Gauzy, Roger Gentis, Vie Sociale et Traitement, n° 142, pp. 113-117. « Ce texte décrit, du point de vue de trois professionnels, la manière dont étaient organisées les fêtes à l’hôpital de Saint-Alban dans les années 1950. À travers l’exemple de la fête votive, il expose le déroulement des différents temps et leur préparation. Il montre aussi l’objectif de ces fêtes : créer une ambiance spécifique et engager les malades dans une activité sociale extraordinaire, facteur de mouvement. »
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Déclaration des infirmiers de l’Aerlip au congrès d’Auxerre (1974). Pendant deux ans, les infirmiers psychiatriques de toute la France travaillent en liaison avec les psychiatres responsables du 72ème Congrès de Psychiatrie et Neurologie de langue française qui doit se dérouler à Auxerre en septembre 1974. Ils rédigent un rapport sur le rôle et la formation du personnel (sic) psychiatrique mais ne sont pas autorisés à participer à la discussion qui doit se dérouler entre psychiatres. Près de 400 d’entre eux font irruption au Congrès. La profession naît véritablement ce jour-là. On retrouve les noms de Jean-Pierre Vérot, Hubert Bieser, André Roumieux et de bien d’autres, aujourd’hui oubliés. Des infirmiers psychiatriques prennent la parole (serpsy1.com)
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Premières visites à domicile, André Roumieux, extrait de « La tisane et la camisole » (1981). André Roumieux (1932-2020) a été infirmier psychiatrique à l'Hôpital psychiatrique de Ville-Évrard pendant trente-six ans. Il était surtout connu pour avoir publié, en 1974, « Je travaille à l’asile d’aliénés »4 , une description vivante et fouillée du soin et du travail infirmier en psychiatrie à Ville-Evrard, dans les années 50-70. Le premier « best-seller » écrit par un infirmier psychiatrique. Il avait poursuivi avec « La tisane et la camisole » en 19815. Il y racontait les premières visites à domicile des années 70 et faisait retour à son village pour y montrer comme on pouvait y être accueillant avec les « fous ». Savoir qui lui a beaucoup servi dans sa pratique d’infirmier puis de cadre.
Discutants : Benjamin Villeneuve, IDE, Formateur, Chercheur associé au laboratoire IHM (Institut des Humanités en Médecine) actuellement en thèse de doctorat auprès de Prof. Marie-Claude Thifault de l'Université d'Ottawa et de Aude Fauvel à l'IHM, vient de recevoir le Prix Marion McGee de l'Université d'Ottawa pour "le savoir exceptionnel et l’application de concepts théoriques innovateurs dans la pratique et la recherche», Dominique Friard, ISP, Formateur, épistémologue, il vient de publier un nouvel ouvrage : « Raisonnement clinique en psychiatrie », chez Seli Arslan.
Il ne s’agit pas ici de simplement rendre hommage à des combats, à des ancêtres mais de se demander aussi comment naît (et meurt) une profession, comment elle manifeste son utilité sociale, comment elle occupe son propre espace. Cette question vaut aussi pour nos collègues spécialistes cliniques et IPA.
Echanges avec la salle
10 h 45 Pause
11 h Hier
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« Le tout, c’est de s’inviter ! », Robert Clémente, extrait de « Rhapsodie en psy bémol », 2016. Robert Clémente, aujourd’hui retraité mais toujours actif, raconte dans son ouvrage son temps de formation à l’APHM, ses rencontres et ses petites inventions. Les élèves infirmiers apprenaient alors leur métier en immersion, sur le tas, avant de débuter les cours. « Nous étions tous désolés : « Tu sais bien que ce sont des voix Georges, les médicaments vont les combattre ! C’est pour ton bien, tu sais bien que le traitement est important … » […] Le besoin de parler en réunion de cet incident était unanime. Nous étions bouleversés. »
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« Bienvenue à l’hôpital psychiatrique ! », Philippe Clément, extrait de Bienvenue à l’hôpital psychiatrique ! », 2007. Infirmier en psychiatrie, diplômé en anthropologie et ancien membre d’Advocacy-France, Philippe Clément a partagé ses expériences professionnelles entre sa pratique d’infirmier et l’enseignement en anthropologie. Ces deux approches cohabitent dans les deux ouvrages qu’il a publié : « J’ai longuement tourné et retourné dans mon esprit cette question du soin en psychiatrie ; parce que je voulais identifier l’objet, le circonscrire, afin sans doute de le traduire en un ensemble de pratiques cohérentes et rationnelles le rendant plus aisément observable. En vain. Quand tout est censé être, en soi, thérapeutique, le risque est que plus rien ne le soit vraiment. De même que la loi, dans l’institution psychiatrique, est un concept fluide, le soin est un concept aux contours incertains. »
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« Al Wârith, la chercheuse d’âme et le bâton magique », Marie Rajablat, extrait de « Mille et un soins infirmiers en psychiatrie », 2019. Co-fondatrice de l’association Serpsy, « Marie Rajablat est écrivain et infirmière de secteur psychiatrique à Toulouse. Citoyenne du monde, curieuse des gens et de leurs us et coutumes, elle aurait pu être navigatrice, éthologue, cinéaste, historienne, couturière, conteuse... Au lieu de cela, elle a été infirmière de secteur psychiatrique, clinicienne, chercheuse et enseignante. Elle a exercé son métier dans toutes sortes de lieux, des plus classiques aux plus baroques, en France et à l'étranger, de la façon la plus fantaisiste et la plus sérieuse. Pour SOS Méditerranée, elle a écrit « Les naufragés de l’enfer », un livre de témoignages recueillis à bord de l’Aquarius. »
Discutants : Olivier Esnault, ISP, Edouard-Toulouse, Pascal Levy, Educateur Spécialisé, Valvert, Robert Clémente.
Les trois auteurs choisis ont en commun d’être tous infirmiers en 1992, au moment où le diplôme d’ISP est supprimé. Aucun des trois ne s’est arrêté, chacun a sa façon a combattu pour un soin de la meilleure qualité possible, avec ses ressources en créativité, son engagement, à l’hôpital psychiatrique et en dehors. L’un a milité avec Advocacy-France, un autre est proche de la Ligue des Droits de l’Homme où il a participé récemment à un débat sur le thème psychiatrie et droits de l’homme, une autre enfin milite pour l’humanitaire, en Palestine et à Toulouse. Le discutants évoqueront non seulement la lutte des ISP contre la suppression de leur diplôme mais aussi l’engagement des soignants dans la vie sociale.
Echanges avec la salle
12 h 30 Repas
13 h 45 Aujourd’hui. « On n’est pas sorti de l’auberge »
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« Besoin d’hommes », Dominique Friard, 1998. Infirmier de secteur psychiatrique, Dominique Friard, est superviseur d’équipes dans le Sud de la France, rédacteur-en-chef adjoint de la revue Santé Mentale depuis 2001. Il est, en France, le premier soignant à avoir publié sur la chambre d’isolement et ainsi contribué à briser le tabou qu’elle représentait.
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« Hier j’ai donné ma démission ! », Madeleine Esther, extrait de « J’ai retrouvé mon grand-père à l’hôpital psychiatrique », 2016. Infirmière, comédienne et metteure en scène, Madeleine Esther a longtemps mené ses deux carrières de front, avec bonheur (lorsqu’elle travaillait à l’ASM XIII, à la policlinique). Elle a aussi exercé dans des lieux où sévissait la violence institutionnelle (dans le Loiret et dans le sud de la France). Sa pièce de théâtre évoque la dégradation des conditions de soins, la montée en puissance des pratiques de cotation des actes et sa démission retentissante d’un lieu où le soin n’était plus la priorité.
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« Monsieur Behti », Marie-France et Raymond Negrel, extrait de « Résistance et travail de rue », 2019. Raymond et Marie-France Negrel, tous deux retraités ont exercé au CHET. Aujourd’hui, ils se sont investis avec Médecins du Monde, auprès des Sans Domicile Fixe marseillais. La rencontre avec M. Behti rassemble les deux vies de Marie-France, une belle rencontre dans la durée racontée dans le cadre d’un ouvrage collectif où les différentes voix d’un collectif s’harmonisent.
Discutants : André Péri, ISP, Edouard-Toulouse, Hervé Karagulian, IDE, Edouard-Toulouse
La psychiatrie, ses modes de réflexion, les soins qu’elle met en place, le lien entre les différents professionnels, les collectifs, les moyens qu’elle déploie ont bien changé. La pandémie multipliée par les suppressions de lit a aggravé encore le diagnostic posé sur l’organisation des soins. Tout est-il, pour cela, à jeter dans ces évolutions contemporaines ? Comment penser ces (in)évolutions ?
Echanges avec la salle
15 h 15 Pause
15 H30 : Demain
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« Les petits bonheurs du soin », Virginie de Meulder, 2021. IDE Virginie a fait des études de littérature avant de devenir infirmière. Ses textes sont truffés de références. Elle publie depuis plus de quinze ans ces petits bonheurs du soin, petits moments de grâce. Belles rencontres avec des enfants, des adolescents qu’elle nous invite à voir autrement.
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« Au Cmp en temps de Covid », Ahmed Benaïche, 2020. IDE à Valencienne, Ahmed a fait la formation de spécialiste clinique proposée par ISIS puis un master clinique à l’université de St Quentin en Yveline (Ste-Anne) fondée par Philippe Svandra et Mireille Saint—Etienne. Il a publié sur le site de la Revue Santé Mentale, le pas à pas et le au jour le jour des soins pendant le confinement.
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« Germaine », Christophe Malinowski, 2020. IDE à Toulouse, Christophe écrit des chroniques où il met en scène Germaine, une ISP, qui amène son savoir y faire aux soignants plus jeunes qui travaillent avec elle. Un bel hommage aux ISP et un regard au scalpel sur les situations de soin que l’équipe doit affronter.
Discutants : Dominique Testard, directeur des Services Financiers CHET, Eric Ihuel, IPA, Montfavet (84), Ahmed Benaïche, Infirmier Spécialiste clinique, Valencienne (59).
De quoi le demain de la psychiatrie sera-t-il fait ? Les ISP sont voués à disparaître, qui les remplacera ? Les spécialistes cliniques, les IPA, des IDE qui s’appuieront sur des D.U. ou un master à créer ? Personne, la psychiatrie n’étant plus qu’une branche de la neurologie ?
Echanges avec la salle
Conclusion : L’an 01 de la psychiatrie, Dominique Friard
Nous sommes dos au mur, condamnés à nous plaindre perpétuellement jusqu’à devenir inaudibles. Devenons des braconniers, proclamons l’an 01 de la psychiatrie : « On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste » comme le mettait en œuvre le dessinateur Gébé dans Charlie Hebdo au cours des années 70.
L'An 01 (bande dessinée) — Wikipédia (wikipedia.org)
17 h : Fin de la journée
Commentaires
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- 1. Jeanpierre Gueninchault Le 20/03/2022
Mon constat après 1 ans de carrière à l EPS se résume à une amertume de n avoir pu transmettre comme je l aurais souhaité...j ai été longtemps maître de stage ...mais mis à mal jusqu'au bout par une certaine inhumanité de certains collègues ou médecins..mais je suis resté fidèle à mon éthique et à ce que mes aînés ( Dr bâillon,Yves gigou par exemple ) m ont enseigné...-
- serpsy1Le 26/03/2022
Bonjour Jean-Pierre, J'ai vu Guy Baillon à L'ASM XIII ce jeudi. Il a repris du poil de la bête et est toujours aussi vert et pertinent. C'était un plaisir. Le même plaisir à croiser Hochmann, Audisio et Diatkine qui bien que marqués par l'âge sont restés très vifs intellectuellement et réactifs. Si tu veux nous proposer des textes destinés à transmettre ces savoir faire et savoir y être que nous avons développé, je me ferai un plaisir de les publier sur ce site. Bon week-end, Dominique
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- 2. Jeanpierre Gueninchault Le 20/03/2022
Mon constat après 1 ans de carrière à l EPS se résume à une amertume de n avoir pu transmettre comme je l aurais souhaité...j ai été longtemps maître de stage ...mais mis à mal jusqu'au bout par une certaine inhumanité de certains collègues ou médecins..mais je suis resté fidèle à mon éthique et à ce que mes aînés ( Dr bâillon,Yves gigou par exemple ) m ont enseigné...
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