"C'est pas Alain Firmier qui est à l'Hamas"
- Par serpsy1
- Le 06/11/2023 à 08:29
- 2 commentaires
C’est pas Alain Firmier qui est à l’Hamas !!!!
Comme l’Education nationale, l’hôpital est passé très vite à un langage particulier : le langage machine, lequel a montré sa grande efficacité pour laminer un service public en moins d’une génération.
Pour « gérer » les soignants en temps de pandémie tout en réduisant encore les moyens, le ministère de la Santé avait lancé une plateforme intitulée « Renfort RH Crise ». Plutôt que de vraies créations de postes, nous avions donc eu droit à une plateforme - ce qui, en langage informatisé, signifie un service dévitalisé, dématérialisé.
« Renfort RH Crise » est censé faire venir des « extras », sur le principe du volontariat, pour compléter des équipes cassées par l’austérité budgétaire. La plateforme doit fonctionner « suivant un principe de matching » : comme sur Tinder, il faut donner son profil pour voir si l’on matche, si l’on correspond à un besoin de « renfort RH » quelque part dans le chaos hospitalier.
Le soin et l’accueil réduits à une appli… (qui en enrichit certains quand même…).
Cette « jargonaphasie » généralisée marche très bien avec tous les langages totalitaires, avec les actuels délires sur le blasphème, avec les différents interdits de représentation et le refus de la caricature.
Les derniers ministres de la Santé ont, depuis vingt ans, décidé de faire de l’hôpital public une entreprise. Un management brutal s’est alors imposé aux soignants comme aux personnels administratifs. Les nouveaux gestionnaires ont donné plus de moyens aux process d’évaluation ainsi qu’aux programmes tests des nouveaux modes de tarification ; avec toujours plus de personnels pour s’occuper de formaliser des référents qualité, et toujours moins de moyens et de personnels pour les soins. Les soignants consacrant de plus en plus de temps à coder leur travail.
De l’infirmier au chef de service, ce sont maintenant tous les personnels soignants de l’hôpital public qui demandent plus de moyens et plus de temps pour assurer leur mission.
Si on décidait d’arrêter tout ça pour revenir à ce qu’on faisait avant : du soin, rien que du soin. C’est une position éthique et politique.
« La langue, comme performance de tout, n’est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement fasciste ; car le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire », disait Roland Barthes.
La formule provocatrice de 1977 n’était qu’une étape, dans un cheminement qui a conduit Roland Barthes à reconnaître mélancoliquement la finitude du sujet et les failles du langage, mais aussi le plaisir et la jouissance des textes. Dans ce marasme actuel, restons transgressifs !...
Depuis 20 ans, les réformes successives ont fait tomber la France du meilleur système de santé à la seizième place du classement. Pour Frédéric Pierru, chercheur au CNRS, cela s’explique par le lancement de la tarification à l’acte (T2A) en 2004 et la loi HPST (loi « Bachelot » hôpital, patient, santé, territoire), 2 lois d’inspiration néolibérale : la première expliquant que « l’hôpital doit maximiser ses recettes et minimiser ses dépenses » et la seconde qui impose la gestion budgétaire aux dépens de la logique médicale en donnant le pouvoir à l’administration. Entre 2010 et 2020, c’est l’austérité budgétaire : les vannes d’argent ouvertes pour pallier les conséquences de la crise financière de 2008 se ferment brutalement et cette logique atteint l’hôpital. Austérité oblige, le point d’indice des salaires est gelé et les effectifs n’ont pas augmenté aussi rapidement que l’activité.
Les mesures adoptées par le Ségur de la santé, si elles ont voulu acheter la paix sociale, ont fini de rompre la confiance des hospitaliers.
L’hôpital public est désormais régi par le système des vases communicants : les soignants fuient - dans le privé ou en dépression - à mesure que les malades déferlent.
Tout le monde a aujourd’hui la solution pour, enfin, sauver l’hôpital : augmentation des salaires, réorganisation des services, revalorisation des conditions de travail, renforcement de l’ « attractivité » des métiers, pressions sur la médecine de ville, priée de faire sa part en matière de permanence des soins… De bonnes idées, bien qu’un peu floues et essentiellement « proclamatoires ». Peut-être serait- il temps de changer de méthode, et de tout remettre sur le tapis, en partant de la seule question qui vaille : qu’est-ce qu’un service public aujourd’hui ? Question qui, au passage, ne concerne pas seulement l’hôpital.
Enfin, un nouveau message pour les « terroristes » de l’Ordre Infirmier ! Conditions d’exercice dégradées, mal être au travail, insatisfaction : les infirmiers font part de leur vécu au travail dans une enquête IFOP inédite à l’initiative du collectif Charlotte K et de ses partenaires, l’Association Soins aux professionnels de la Santé (SPS) et Infirmiers.com. Et eux, à part réclamer leurs cotisations, que font les gugusses de l’ONI pour « améliorer » tout ce qui vient d’être décrit ici ? Alain Firmier ne remercie pas les législateurs, la Justice ( ?) et les Directions hospitalières d’être les complices de cet organisme mafieux ! 6 infirmiers sur 10 ne choisiraient plus ce métier si c’était à refaire !...
A l’instar de Don Diego de la Vega qui, pendant près de 20 ans, a essayé de convaincre les Espagnols qu’il revenait d’un bal masqué, Alain Firmier fait sien ce proverbe ibérique : « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur ». Le proverbe est beau car l’Ibère est rude.
Gagnera-t-il lui aussi en honneur notre « ex-ministre » de la Santé ? J’ai nommé François Braun, lorsque celui-ci se lâche dans « Le Quotidien du médecin » (le 19 septembre dernier) : « Le gouvernement ? Ce n’est pas une équipe, plutôt une troupe de théâtre, qui joue ce qui a été écrit par un metteur en scène, mais avec des individualités qui veulent en permanence se mettre en avant ».
Soyons tous résilients ? Réfugions-nous surtout auprès de notre Boris Cyrulnik national qui, lui aussi, dénonce « la commercialisation du soin, tout comme celle de l’éducation ». Il insiste même le bougre : « Il faut lutter contre la commercialisation de la santé, contre la commercialisation du bien-être, contre la commercialisation de la médecine » (RTL, 30.09).
Alain Firmier, Boriscyrulnik compatible, a maintenant envie de citer Françoise Sagan : « C’est une étrange époque quand même que la nôtre, où (celles et) ceux qui apprennent aux enfants à vivre, à découvrir la vie - les professeurs - (et ceux) et celles qui nous aident à y survivre, parfois à la quitter - les infirmières - sont oubliés et maltraités. Plus qu’étrange, d’ailleurs, c’est révoltant ».
Saviez-vous que près de la moitié des Européens souffrent de problèmes de santé mentale ? Sauf, évidemment, à LFI, où tout le monde est lucide et rationnel ; comme à l’ONI, aussi !
Novembre 2023.
L’auteur de ce texte, « fraîchement retraité », qui revenait parfois en service faire des remplacements, a reçu un SMS d’un cadre qui lui indiquait que l’on n’avait plus besoin de lui pour les remplacements qu’il devait faire quelques jours plus tard.
Commentaires
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- 1. blondeau Le 14/12/2023
Moi retraite de longue date 2008 j adhere aux propos allant souvent en ITALIE c est encore un tout petit peu pire la bas malgre des super professionnel les comme ici d ailleurs On devrait collectivement deposer plainte pour mise en danger de la vie d autrui contre tous ces politiques qui se sont succede pour achever l HOPITAL PUBLIC !!! Maintenant il y a medecine de pauvres et de riches .Quant a la psy on revient 100 ans en arriere sans compter que tous les maux de la societe notemment le terrorrisme !!! Le dernier sinistre tueur radicalise a commis un geste fou mais ne le serait pas au sens clinique du terme car tres rationnel dans sa pensee .Quant a la pedopsy comment s etonner de tous ces gamins qui petent les plombs avec des delires de persecution de plus en plus frequents pour un tableau une remarque ou meme moins que ca Personne pour s en occuper alors que ca devrait etre une priorite Ols font souffrir et souffrent aussi
Bravo a Boris CYRULNICK un grand MONSIEUR tout simple avec qui j ai eu la chance d echanger sur la psy Bonne retraite quand meme-
- serpsy1Le 27/12/2023
Merci pour votre message. Comment ne pas y adhérer ? Nous nous battons pour que les choses de la psychiatrie puissent être différentes mais nous sommes tellement peu nombreux et ça suscite tellement peu d'échos.
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