Hochmann J., Les arrangements de la mémoire
Les arrangements de la mémoire
Autobiographie d’un psychiatre dérangé
Jacques Hochmann
Un récit biographique écrit à la 3ème personne qui relie les expériences de l’homme aux pratiques et aux choix du psychiatre et qui retrace l’évolution de la discipline.
« Quand Jacques l’a connu, Carl Rogers, influencé par la phénoménologie, en particulier par le lecture de Kierkegaard ainsi que par ses échanges avec le philosophe juif Martin Buber et le théologien protestant Paul Tillich, se préoccupait moins de tester des hypothèses sur des cas contrôlés, de spécifier des comportements ou de faire des évaluations chiffrées. Il cherchait davantage à entrer avec autrui dans un dialogue fondé sur la sincérité (en anglais genuineness), pour susciter chez l’interlocuteur une confiance de base en ses propres choix (basic trust). Ce moindre souci scientifique et cette plus grande ouverture à ses sentiments avaient amené des modifications dans son attitude. Dans une séance de psychothérapie, il en venait de plus en plus à confier ouvertement ses éprouvés au client : la self disclosure, défendue aujourd’hui par certains cercles psychanalytiques américains. On retrouve aujourd’hui cette approche, qui doit beaucoup aussi à S. Ferenczi, autour de la notion de « dévoilement de soi ». Des soignants aussi différents que M. Charazac, J. Favrod ou moi-même la reprennent. On peut lire le n° 249 de la revue Santé Mentale, « Dévoilement de soi et alliance thérapeutique », juin 2020. Numéro 249 - Juin 2020 - Santé Mentale (santementale.fr) Devenu philosophe, au sens du mot dans l’Antiquité : celui qui cherche les voies de la « vie bonne », il ambitionnait de généraliser à l’ensemble des rencontres entre les êtres humains ce qu’il avait appris de son activité professionnelle. » (p. 119, on peut lire la totalité du portrait de Rogers dans les pages 116-120)
L’auteur
Jacques Hochmann, né en 1934 à Saint-Etienne, est un psychiatre et psychanalyste cher à mon cœur. Il fait partie des psychiatres qui m’ont influencé, aussi bien dans mon travail sur le groupe Lecture(s) comme outil thérapeutique que dans ma conception même du soin. Son concept de « réalité partagée » est au cœur de mon approche de la psychose. J’ai eu le bonheur de le rencontrer quelques fois dans des journées de formation où nous intervenions l’un et l’autre. L’homme ne m’a jamais déçu. Il n’a jamais eu cette morgue vis-à-vis des infirmiers qu’au-delà des apparences et de la qualité des réflexions, nombre de ses confrères possèdent.
Avant d’exercer la psychanalyse et la psychiatrie, Jacques Hochmann s’est d’abord orienté vers les neurosciences et a pratiqué la médecine expérimentale tout en se formant à la neurologie et à la psychiatrie. Il a suivi le chemin inverse de beaucoup de psychiatres, du cerveau en tant qu’organe vers la réalité psychique, des neurosciences vers la psychanalyse. Il a ensuite travaillé en criminologie, notamment avec des adolescents délinquants. Autour des impasses rencontrées dans cet exercice, de ses découvertes sur lui-même et sur son rapport à l’autorité, il se rend, un an, aux Etats-Unis où il s’initie aux idées de Carl Rogers au Western Behavioral Science Institute (WBSI) où Rogers exerce. Incité par Rogers lui-même il rencontre les tenants de l’école de Palo Alto (les pères de l’approche systémique) et découvre la dynamique de groupe tell qu’elle est pratiquée dans l’orientation de Kurt Lewin.
De retour en France, il exerce l’essentiel de sa carrière à Lyon où il a été professeur d’université en pédopsychiatrie.
Après avoir fondé Santé Mentale et communauté, une association dévolue au développement d’une psychiatrie de proximité donnant la primauté à la personne en tant que « sujet de droit singulier » et à son entourage -il décrit cette expérience dans « La consolation », publié en 1994 chez Odile Jacob-, il crée l’ITTAC (Institut de Traitement des troubles de l’affectivité et de la cognition), un centre public de soins psychiatriques ambulatoires pour enfants et adolescents, dans lequel il a, en particulier et parmi d’autres innovations, organisé un service de soins, d’éducation spécialisée et d’accompagnement à l’insertion sociale et scolaire en collaboration étroite avec les familles pour les jeunes présentant des troubles envahissants du développement (TED).
Il a contribué au développement de la psychiatrie de secteur et a écrit de nombreux articles et ouvrages sur les soins psychiatriques, sur l’autisme et sur l’histoire de la psychiatrie.
« En franchissant les grilles d’un hôpital spécialisé, avait-il conscience de tourner le dos au modèle médical qui, peu ou prou, l’avait jusque-là habité et d’entrer dans un nouveau monde modifié par la récente apparition et la multiplication rapide des médicaments psychotropes, mais dominé surtout par l’empire des sciences humaines ? Marcel Colin, proche des plus avancés des médecins de cet hôpital, Paul Balvet, Maurice Beaujard, André Requet (médecin-chef d’Auguste Charnay), lui avaient raconté les transformations opérées dans les années 1950, le comblement des sauts-de-loup, la destruction des murs d’enceinte, la transformation de l’architecture des pavillons, de leur ameublement, la mise au placard des moyens de contention, bref l’humanisation du vieil asile, ainsi que la mise en place des réunions d’équipe, de pavillon et de petits groupes de malades, la création d’un journal rédigé par les malades et les infirmiers, l’ouverture d’un centre social avec une boutique et l’organisation collective de fêtes. Ces pratiques proches de la psychothérapie institutionnelle qui se déployait dans quelques hôpitaux manquaient de théorie. Quelle que fut l’intuition, parfois le génie clinique, de ceux qui les promouvaient et, à leur manière, qui offraient à leurs malades des entretiens thérapeutiques, elles attendaient une mise en forme conceptuelle suffisante que n’apportaient ni les références au conditionnement pavlovien prôné par les communistes, ni la phénoménologie allemande goûtée par certains, ni le personnalisme chrétien privilégié par d’autres. La psychanalyse devint alors la référence majeure des plus jeunes qui se dirigèrent vers des cures personnelles. » (pp. 106-107)
L’ouvrage
Une autobiographie écrite en 3ème personne du singulier, voilà qui d’emblée surprend. Pourquoi Hochmann choisit-il de ne pas respecter le pacte autobiographique ? Au fil de la lecture, ici ou là, le lecteur peut en apercevoir quelques raisons et en comprendre la nécessité. La 3ème personne permet d’écrire des choses que la 1ère ne permettrait pas. Il en résulte cependant une certaine mise à distance, dans le ton plus que dans les choses racontées. C’est un psychanalyste qui écrit : « Dans un groupe de travail animé par Jean Guyotat et un agrégé de philosophie, psychanalyste imprégné de phénoménologie, Pierre Fédida, Jacques soumettait à une supervision la poursuite de ses psychothérapies personnelles assorties d’une médication (le groupe avait pour objet d’étude l’interaction entre psychothérapie et chimiothérapie). Il éprouvait un certain malaise devant la distance qui séparait une réalité institutionnelle encore imprégnée de brutalité et d’obscurantisme moralisant et une théorie psychanalytique envolée vers le firmament des idées pures. Ce malaise n’était pas qu’intellectuel, il s’alourdissait de sentiments que Jacques, soumis aux effets de ce que Freud a nommé le transfert, avait du mal à supporter. Déjà, dans le groupe Balint, il avait pris en grippe de manière complètement irrationnelle la coanimatrice, une psychiatre qu’il estimait agressive à son égard. Dans le second groupe, il s’opposa vivement à Pierre Fédida, dont il jalousait probablement la culture et l’intelligence. Il lui fallut plusieurs années et une assurance liée à sa propre ascension professionnelle pour corriger ses premières impressions et se lier d’amitié avec celui qui était devenu une figure marquante de la psychanalyse, professeur de psychopathologie à Paris et auteur de nombreux livres. » (p.109) Jacques n’hésite pas à montrer sa petitesse parfois mais ce faisant, il nous éclaire sur nos propres ressentis, sur les petitesses que nous avons en commun. Qui de nous n’a jamais ressenti de malaise entre des théories qui tutoient l’azur et la boue d’une réalité malaisante ? Qui ne s’est jamais senti méprisé par tel ou tel animateur de groupe de travail ou superviseur ? Même si cela nous déplaît, nous sommes parfois envieux d’un mieux causant, d’un mieux pensant. Si Hochmann s’autorise à l’écrire, peut-être pouvons-nous nous autoriser à le ressentir sinon le penser.
On peut également noter, au passage que la notion de « déprescription » actuellement remise au goût du jour (à juste titre) était également au cœur des réflexions dans les années 1960 (voir Santé Mentale, n° 291, octobre 2024, « Déprescrire ? » Numéro 291 – Octobre 2024 - Santé Mentale (santementale.fr))
Pourquoi donc cette 3ème personne ? Hochmann s’en explique dans le prologue.
« Le travail de la mémoire donne aujourd’hui une apparence d’unité à un amoncellement « divers et ondoyant » d’évènements extérieurs, de traits de caractères contradictoires, de désirs et de phobies, de promesses tenues ou non tenues constitutifs de mon individualité. Mais cette mémoire est arrangée, elle a été sans cesse défaite et refaite au cours du temps, à l’avantage de celui qui se souvient. Inévitablement statufiée, masquant ses irrégularités pour simuler un cohérence ou les exagérant dans une prétention à la sincérité, laissant subsister, dans l’ombre, toute la part de soi qui reste inconnue de soi, l’image qu’on imprime dans une autobiographie est une image tronquée. Quel rapport entre le vieillard qui écrit aujourd’hui et l’enfant, l’adolescent, le jeune adulte ou l’homme mûr dont il prétend dresser le portrait ? » Soit.
Tout pourrait être à citer dans ce prologue. Retenons que « le but de ce livre est d’illustrer à partir d’un exemple comme il y en a des centaines, sinon des milliers, c qu’étaient ces psychiatres artisans, comment ils avaient été conduits à choisir ce métier plutôt qu’un autre, comment ils l’exerçaient et dans quelle mesure leur singularité ajoutait un « coup de patte » à leur exercice. A l’heure d’un formatage général de la profession, d’une « protocolisation » de ses programmes empruntés abusivement à la cancérologie ou à l’infectiologie, il n’est peut-être pas inutile de rappeler quelques « évidences » à la base d’une médecine, qui, comme le proclamait un de ses fondateurs, Philippe Pinel, reste, deux siècles plus tard, une « médecine spéciale ». De ce point de vue, le pari est gagné.
Le premier chapitre évoque ses origines familiales : ses parents juifs polonais sont arrivés en France entre les deux guerres. Son père, après de brillantes études d’ingénieur chimiste, est devenu un spécialiste reconnu d’un procédé de traitement des métaux au sein d’une entreprise métallurgique de la région de Saint-Etienne. Jacques nous introduit dans ce milieu industriel traditionnel où les patrons, les ingénieurs et les ouvriers vivaient à proximité les uns des autres, même si la différenciation des classes sociales existait bel et bien, à voir par exemple par les différents types d’habitation, le manoir du patron, les villas des ingénieurs et les modestes logis ouvriers. Comment une famille juive polonaise s’est-elle intégrée dans ce milieu ? Les patrons étaient des protestants originaires des Cévennes, avec des valeurs de rigueur morale, mais aussi d’acceptation des différences qui se sont révélées durant la seconde guerre mondiale. Jacques, petit garçon, a pu se réfugier avec sa sœur et leur mère, au Chambon-sur-Lignon, le « village des Justes » et son père a soutenu les résistants de l’entreprise et de son entourage qui l’ont protégé puis caché.
Ce n’est qu’au chapitre V qu’il aborde ses années de formation. Dans le chapitre VI, Jacques nous emmène avec lui aux Etats-Unis, à la rencontre de Carl Rogers et du courant humaniste puis de l’école de Palo Alto et de l’approche systémique et des différents courants alors actifs aux Etats-Unis. On y mesure l’ouverture d’esprit de Jacques à des années lumières de nombre de ses confrères contemporains qui s’enferment dans un système de pensée qui exclut tous les autres. C’est probablement ce que j’apprécie le plus chez lui.
Ainsi que l’écrit X. Bonnemaison : « Jacques Hochmann fut un des personnages majeurs de la révolution psychiatrique du secteur, puis de la naissance de la pédopsychiatrie moderne à Lyon et en France, également un des penseurs majeurs du soin des personnes autistes. Si sa bibliographie en atteste, le livre présente, d’une manière continue, son attachement à la transmission, concrétisée dans plusieurs aventures racontées dans son livre, montrant qu’il a laissé, dans une période longue avec d’autres, sa trace dans la formation de nombreux professionnels de la psychiatrie. Le travail aux côtés de Marcel Sassolas, compagnon de route depuis l’internat qui gardera la responsabilité de la psychiatrie adulte, quand Jacques Hochmann, lui, se spécialisera en psychiatrie infanto juvénile, discipline encore naissante, est souvent évoqué. Il montre comment leur engagement politique et leur volonté de changer la psychiatrie les plongent dans une ambiance riche de rencontres, dans une quête de nouveautés. C’est une sorte d’immersion dans ces années où la révolte étudiante de 1968 révèle au monde une jeunesse qui est prête à tout remettre en question, favorisant un travail de culture en psychiatrie, comme dans de nombreux champs de la société. Ils fonderont ensemble le Centre d’Études et de Formation (CEF). Marcel Sassolas poursuivra des années le « Cours international sur les techniques en psychiatrie de secteur », dans le même esprit. La séparation de la neurologie et de la psychiatrie permettra la mise en place du CES de psychiatrie qui lui fut confiée avec Jean Guyotat. La description précise de cette formation, qui intégrait à la fois la base de pratique, l’ouverture vers les sciences humaines, le travail en groupe et le dialogue permanent entre formateurs et étudiants, peut faire rêver ceux qui n’ont connu que la forme actuelle du DES. »
L’ouvrage nous retrace cinquante ans d’histoire de la psychiatrie rédigé par un de ceux qui l’ont faite. Même en troisième personne, c’est un « je » qui décrit. Quelques-unes de ses rencontres avec des confrères, des soignants, des philosophes, des familles même et quelques patients qui l’ont marqué illuminent l’ouvrage. « Des infirmiers et des infirmières, à l’esprit militant, y révélaient leurs qualités humaines et professionnelles. L’organisation des soins, sur laquelle veillait Marie-Thérèse Romano, cadre-supérieur de santé, particulièrement attentive et disponible, leur assurait une grande autonomie qu’ils et elles surent mettre à profit pour développer leurs initiatives. Certaines et certains, bénéficiant de formations en cours d’emploi, connurent ensuite de brillantes promotions dans les professions d’infirmière, d’éducateur ou de psychologue. Le service était une pépinière de talents. »
Vient le passage qui, personnellement, me touche le plus parce qu’il énonce « clairement » des choses rarement dites parce qu’au fond quasi-taboues.
« Dans ce collectif, un lien plus fort se nouait. Jacques passait de longs moments en compagnie d’Annette à réfléchir sur le contenu des séances avec Alain (un jeune autiste qu’Annette et Jacques suivaient), puis avec les autres enfants. Il admirait son talent pour inaugurer avec ses petits clients une relation marquée, de son côté, par l’authenticité et le respect envers leurs attitudes et leurs sentiments. Il découvrait chez elle, exprimés à sa manière, l’empathie, la congruence, la considération positive et l’accueil inconditionnel que Carl Rogers lui avait appris à considérer comme les conditions de toute entreprise thérapeutique et que lui-même se sentait incapable d’incarner à ce point. Elle lui offrait une réalisation de son idéal du soin. Il était subjugué par son art de faire surgir dans le quotidien, à tout instant, des situations nouvelles qui permettaient aux enfants de se déprendre sans trop de souffrance de leurs stéréotypies et d’oser sortir de leur monde confiné, par sa capacité à entendre et rapprocher des lambeaux de phrases en désordre, à comprendre, à ordonner et à traduire des propos confus. Elle savait jouer avec eux, en gardant la distance nécessaire et en leur faisant partager, sans les exciter, le plaisir qu’elle prenait dans leurs rencontres.
Plus tard, elle affina ses dons, grâce à l’expérience alimentée par les supervisions d’une psychanalyste parisienne, Geneviève Haag, dont les recherches sur l’autisme font autorité. Jacques et elle, à partir des notes qu’elle accumulait, tentaient de construire un théorie de la psychose et du soin, inspirée par la psychanalyse, mais qui ne cherchait pas à en reproduire les impératifs techniques et qui ne s’effrayait pas d’explorer des voies hétérodoxes. Chaque nouveau cas leur donnait des idées. Le plaisir intellectuel qu’ils y trouvaient dériva vers d’autres désirs. Dans son analyse, qui se poursuivait parallèlement, Jacques avait tenté sans y parvenir, de trouver des arguments pour écarter ce qu’il sentait germer en lui et qu’il se reprochait comme une folie. Il s’était demandé si, en s’identifiant aux enfants dont Annette se préoccupait, il ne réveillait pas en lui le plaisir de recevoir des soins maternels que peut-être jadis plus que sa mère, Coquine [sa nourrice], qui venait de disparaître, lui avait permis d’éprouver et dont il ressentait peut-être le manque dans le transfert analytique. La joie de séduire autant qu’il était séduit fut la plus forte. Elle diluait l’amertume d’attenter à un équilibre familial et conjugal auquel il tenait et de s trouver dans un conflit de loyauté face à une épouse qu’il aimait et n’envisageait pas de quitter. » (pp.223-224)
Jacques met ainsi le doigt sur un sentiment que peuvent éprouver des soignants très proches l’un de l’autre, qui partagent un quotidien éprouvant et apprennent à compter l’un sur l’autre pour affronter des situations psychiquement périlleuses. Naît un étrange et bien ambigu plaisir à être ensemble qui amène parfois ces soignants à se jeter dans les bras l’un de l’autre. Pour l’avoir parfois ressenti auprès d’une psychiatre, d’une psychologue ou d’une collègue infirmière, je sais combien il est difficile d’y résister et combien il est facile d’y succomber. Au-delà de tout jugement moral.
« Un père d’autiste. - Vous ne vous rendez pas compte du nombre de mères qui se sont senties autopsiées psychologiquement par des psys indiscrets à la recherche dans leur passé personnel ou dans leur relation à leur propre mère des prémices d’un rejet précoce de leur enfant. Je salue votre souci de scolariser précocement les enfants. Vous étiez et vous êtes encore peu nombreux à donner cette priorité à l’école. Pour nous l’école c’est l’essentiel. Tout ce que vous racontez sur le soin est secondaire. L’inconscient, tous ces machins psychologiques dont vous vous gargarisez sont de simples hypothèses sorties à la fin du XIXème siècle d’un esprit malade, obsédé par la sexualité. Au lieu d’attendre, comme le font vos collègues l’ « éveil du désir », nous voulons que nos enfants apprennent à l’école ce que les autres enfants y apprennent et se socialisent parmi les autres. Nous savons qu’ils ne sont pas comme les autres, qu’ils n’aiment pas le changement, ont souvent des stéréotypies, des intérêts restreints et souffrent d’un défaut dans la communication et dans le socialisation. Mais nous savons aussi que tous vos prétendus efforts de compréhension n’y changent rien. S’il suffisait de comprendre un enfant autiste pour l’améliorer, ils iraient tous mieux, car, nous, parents, sommes parfaitement capables de comprendre nos enfants. »
L’intérêt pour les soignants
Ces mémoires arrangés décrivent soixante ans d’histoire de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie. Narrés par un de ses acteurs qui n’hésite pas à mouiller sa chemise pour nous en faire sentir les aspérités, les avancées et les reculs, ils montrent qu’il n’est pas réellement possible de séparer sa vie de ses engagements professionnels, qu’on soit psychiatre comme Jacques ou infirmière comme Annette et beaucoup d’autres psychologues, orthophonistes ou éducateurs spécialisés. On peut tenter d’éviter de s’y impliquer, mais toujours, malgré nous, malgré nos précautions le soin nous rattrape et ce d’autant plus qu’on s’en tient psychiquement à l’écart.
Un livre à butiner …
Dominique Friard
Date de dernière mise à jour : 29/10/2024
Ajouter un commentaire