Quand ne reste qu'un murmure
Quand ne reste qu'un murmure
Quand il ne reste qu’un murmure
Quand la distance qui sépare
Une bouche d’une oreille
Se compte en années-lumière
Quand une frontière de tissu
S’interpose entre ces deux orifices
Quand le petit doigt ganté devient muet
Quand le pouce levé vaut acquiescement
Quand le majeur tendu se transforme en bras vengeur
Quand la parole se propage à travers des parois de coton
Quand de toutes les matières ce n’est pas la ouate
Qu’on préfère
Quand le masque devient un signifiant de démarcation
Quand le carré du menton se confond avec le carré de l’hypoténuse
Quand 43 muscles contribuent à 10 000 expressions
Dont 3000 porteuses de sens
Les masques rendent sourds et aveugles aux émotions.
La bouche en U inversé
Les lèvres qui se contractent pour exprimer le mépris
Les ailes du nez qui s’envolent de colère
Quand il devient impossible d’entendre une parole sincère
Quand le visage de l’autre n'est plus qu'un épais mystère
Quand il n’y a plus de visage nu
Quand le visage n’est plus qu’un concept à déshabiller
Quand la supplication muette se terre dans les replis du tissu
Quand il est un trou dans l’être
Quand nul n’est plus responsable pour autrui
Quand aucune parole de consolation ne peut traverser
La distance qui nous sépare
Quand il ne reste plus qu’un murmure de relation
Qui peut entendre l’ultime parole du mourant ?
D. Friard
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