Actes des colloques serpsy

Les colloques serpsy

Les colloques serpsy ont toujours été de grands moments. Ils eurent lieu tous les deux ans, dans un lieu différent chaque année et payants; ils devinrent ensuite, au bout de dix ans, gratuits et situés au C.H. Montperrin, à Aix-en-Provence. Temps de rencontre, temps de réflexion collectif, de mise en commun, ils proposaient à chaque fois un saut de côté : pièce de théâtre, atelier écriture géant, clowns, sculpture d'équipe, etc. 

Le premier colloque se déroula au CH ESquirol, à Saint-Maurice (94), le 17 mars 2000. Il avait pour thème : "Thérapeutique et toc ! " C'était parti pour vingt ans d'aventures. 

Catégories

  • Les colloques Serpsy (organisation)

    Serpsy et la formation (colloque et entretien infirmier)

    La suppression des études d'infirmiers de secteur psychiatrique (ISP) en mars 1992 et la  moindre prise en compte du fait psychique dans les formations initiales qu'elle a entraîné ont été un moteur pour les premiers adhérents de l'association. Il s'agissait de repérer ces savoirs (savoirs cliniques, savoir être, savoir y faire) destinés à disparaître, de les décrire, de les enrichir et d'en assurer la diffusion, dans une optique non pas corporatiste mais ouverte aux autres professionnels du champ. 

    Les colloques serpsy et la formation à l'entretien clinique infirmier répondent d'abord à ces premiers objectifs. 

  • 1, 2, 3 ... Equipe !

    1, 2,3 … Equipe !

    9ème journée organisée par l’association Serpsy

    07 février 2014

    Amphi Vallade, CH Montperrin, Aix-en-Provence (13)

    Nef des fous

    Argumentaire

     « On va en parler en équipe », « L’équipe pense que … », « C’est une décision d’équipe » En psychiatrie, il n’est pas de jour sans qu’une de ces phrases ne vienne opposer un collectif à la singularité d’une demande, d’une initiative, d’une subjectivité. La réalité qui apparaît dans les discours et dans les pratiques est mouvante. Le concept, auquel la notion renvoie, rarement défini, brille essentiellement par son aspect fourre-tout. La notion d’équipe semble surtout se caractériser par un fantasme unitaire, qui, lui seul permettrait de fonctionner. Qu’en est-il, alors, de la notion de pluridisciplinarité ?

    L’équipe ne prend de relief que lorsqu’il existe une plasticité entre le groupal, le collectif, et l’individuel. Lorsqu’ils s’opposent, on est souvent dans un collectif qui ne laisse pas de place au singulier. Comment peut-on s’inscrire dans un va-et-vient entre le groupal et l’individuel, et comment cette plasticité peut avoir un effet sur la prise en charge des patients ? Le groupe-équipe n’est-il pas plus thérapeutique pour le patient, s’il a une notion de ce qu’est un groupe ? Comment on fait équipe pour le patient ?

    Face à la nef des fous, il y a l’équipe, ce pourrait être une façon ironique de définir l’équipe. Les mots de la famille « équipe », selon le Grand Robert de langue française, apparaissent dans la langue au 12ème siècle. Ils dérivent de l’ancien normand skipa, de skip navire. L’origine maritime du mot n’est pas sans conséquence. On peut affirmer qu’il n’est d’équipe que pluriprofessionnelle. Sur un bateau, statuts, rôles et fonctions, sont par nature nettement différenciés. Si la vigie s’occupe du repas, si le mousse cargue les voiles dans les huniers, si le quartier maître se prend pour le capitaine, le naufrage n’est pas loin. Sur un bateau, ce n’est jamais l’équipage qui décide mais le capitaine, lui-même aux ordres de l’armateur. Pouvoir, autorité, prise de décision régulent, entre autres phénomènes, le fonctionnement de nos équipes. Il sourd toujours d'elles par tous leurs interstices davantage que décisions et directives. L'équipe toujours transpire de désirs plus ou moins muets, d'attentes déçues, d'écoutes inaperçues et de comportements que ceux pour qui elle existe savent humer. »

    L’équipe ? Allons y voir ! 1, 2, 3 … Equipe !

     

  • "Occupe-toi de ce qui te regarde"

    "Occupe-toi de ce qui te regarde !"

    Covid oblige, la journée Serpsy dédiée au regard n'a pu se dérouler en février 2021. Nous avons donc décidé de la reporter au 4 février 2022, jour de la Sainte Véronique. En attendant, nous ne restons pas inactifs. Nous allons réaliser avec nos smartphones de petits films courts (pas plus de quatre minutes) sur le thème du regard. Ils seront déposés sur le site, sur notre page Facebook. Nous vous invitons à faire de même, à agir, réagir, commenter afin de préparer avec nous la journée du 4 février. Le premier film a été réalisé par Franck Renaud et Adéline Serez.  

    D'abord l'argumentaire de la journée

    « Occupe-toi de ce qui te regarde »

    Entre présence et distance, que devient notre regard ?

    Nous avons dû nous adapter, improviser, créer. Comme une partie de notre visage manque, nous  avons dû modifier notre façon de nous adresser aux patients, de les regarder, de les écouter. « Ne vous inquiétez pas, je vois que vos yeux sourient ». Les patients aussi se sont adaptés. Des jeux de regards inédits sont apparus. Les yeux sourient, les fronts réfléchissent. Le distanciel a succédé à ce qui est devenu le présentiel. Certaines structures de soins ambulatoires ont fermé et le lien avec les patients, les familles, s’est tissé ou maintenu au téléphone et en visio. D’autres lieux ont gardé leurs portes ouvertes, dans un mixte d’accueil en présence et de téléconsultations. Le confinement a obligé chacun à se reclure à domicile, en couple, en famille, en solitude et nul ne savait quel était le plus violent. Les institutions ont privilégié le clairement visible et prévisible à travers la protocolisation et la technicisation des pratiques. Certains de ces « dispositifs scopiques » ont eu pour effet d’évacuer toute opacité liée à la temporalité psychique et à la subjectivité. Du trop voir, aliénant et mortifère, pour un moindre regard, contenant et subjectivant ? Cette stratégie a eu un coût qui s’est traduit par des « perdus de vue », par une troisième vague psychiatrique qui s’échoue sur le manque de lits et de soignants.

    Chaque soignant a dû redéfinir son positionnement clinique, son cadre et son regard, sa place et celle de sa parole. Que nous apprennent ces évolutions inévitables sur la fonction contenante du regard et sa dimension aliénante ? Le voir, l’image dans l’univers psychique, le travail de figuration en ont-ils été modifiés ? Comment le soin en psychiatrie et les mutations institutionnelles actuelles viennent remettre sur le métier la clinique du regard?

    Nous vous invitons à réfléchir collectivement autour de ces questions actuelles et fondamentales pour la clinique. Un temps pour se voir, pour élaborer ensemble, pour retrouver un « regard qui fasse une peau pour [la] pensée » comme le dirait D. Anzieu. 

    Regard2

    On va se retrouver c’est sûr mais quand on ne sait pas. En septembre, en octobre ? En février, deux ans plus tard ? On ne sait pas, on n'est pas sûr. La petite bête et ses variantes commandent nos réunions. En attendant, on vous propose de faire des petits films de 3 à 4 minutes en nous causant du regard, le vôtre, celui qu’on pose sur vous, celui que vous posez sur le soin, les soignants, ceux qui nous administrent. Vous filmez un paysage que vous aimez bien avec votre smartphone ou l’outil de votre choix, vous parlez en même temps et vous nous l’envoyez sur la boite fridom375@gmail.com. Nous on le mettra sur le site serpsy1.com, sur la page facebook de serpsy pour qu’il fasse des petits, qu’à défaut d’échanger des poignées de main, des bises on échange des images qui bougent, des mots qui défilent, des regards sur le regard.

    Un premier film réalisé par Franck Renaud et Adéline Serez

    Soubresauts on Vimeo

     

  • Voyage en nos troubles

    Voyage en nos troubles

     

    « Ils » ont « des troubles du comportement, de l’attention, du comportement alimentaire, de l’identité, du genre, etc. A quoi renvoient ces troubles dont nous « habillons » les patients ?

    Le trouble se pense en fonction d’une norme à laquelle nous-mêmes ne sommes pas assurés de correspondre. Le concept vient comme rendre compte d’un dysfonctionnement qui bouscule l’ordre social. Ne dit-on pas « trouble à l’ordre public » ? En psychiatrie, DSM ou CIM pointent le trouble dans la santé mentale…

    Comment ce concept nous fait-il naviguer entre les gammes de l’imprécision et du flou, vers celles de la catégorisation voire de la stigmatisation ? Le positionnement clinique consiste-t-il à envisager le trouble comme un élément à abraser et faire disparaître, ou à considérer ce qu’il révèle de la conflictualité psychique inconsciente et de la place qu’il prend dans l’histoire du sujet ? Qu’est ce qui se méconnaît de la singularité et de la subjectivité de l’individu dans le besoin de catégoriser l’inscription psychique que l’on vit comme impure, désadaptée, désordonnée ?

    Le soin psychique consisterait-il à surveiller, réparer, rééduquer, rétablir des cerveaux qui dysfonctionnent ? L’Evidence Based Medecine qui se veut scientifiquement probante ne laisse plus de place au doute, au manque.  Le crépuscule d’un soin qui se préoccupe du sujet ?

    De quoi se plaint vraiment le patient lorsqu’il évoque le trouble ? Produit-il du fantasme ? Stimule-t-il notre imaginaire ? Nous conduit-il parfois à nous faire oublier la manière dont la rencontre avec le patient peut nous troubler ? Acceptons-nous encore l’étrangeté, l’ineffable, l’indicible, l’autre… Le trouble nous trouble.

    Est-ce ce flou qui, paradoxalement, nous invite à douter ? A questionner nos évidences ? Comment redonner à l’écoute ses lettres de noblesse ? Comment transformer notre regard de telle sorte qu’il s’ouvre au paradoxe, à l’indéterminé ? Le trouble accepté, élaboré, assumé peut-il laisser place à la rencontre et à la créativité ? 

    Pendant ce temps-là, les soignants désertent l’hôpital dont le moindre des troubles se nomme burn-out, fermeture de lits, contentions et isolements, risques psychosociaux. Comment le trouble se manifeste-t-il sur la scène institutionnelle parfois malmenée par les mutations socio-politiques, dans une société où la protocolisation à outrance a vocation à la transparence ?

    Embarquez-vous avec nous pour une traversée en eaux troubles pleine de surprises !