Voyage en nos troubles

  • Acte d'accusation

    Destruction caractérisée du service public psychiatrique entraînant une perte de chance pour les personnes souffrant de troubles psychiques.

Voyage en nos troubles

« Ils » ont « des troubles du comportement, de l’attention, du comportement alimentaire, de l’identité, du genre, etc. A quoi renvoient ces troubles dont nous « habillons » les patients ?

Le trouble se pense en fonction d’une norme à laquelle nous-mêmes ne sommes pas assurés de correspondre. Le concept vient comme rendre compte d’un dysfonctionnement qui bouscule l’ordre social. Ne dit-on pas « trouble à l’ordre public » ? En psychiatrie, DSM ou CIM pointent le trouble dans la santé mentale…

Comment ce concept nous fait-il naviguer entre les gammes de l’imprécision et du flou, vers celles de la catégorisation voire de la stigmatisation ? Le positionnement clinique consiste-t-il à envisager le trouble comme un élément à abraser et faire disparaître, ou à considérer ce qu’il révèle de la conflictualité psychique inconsciente et de la place qu’il prend dans l’histoire du sujet ? Qu’est ce qui se méconnaît de la singularité et de la subjectivité de l’individu dans le besoin de catégoriser l’inscription psychique que l’on vit comme impure, désadaptée, désordonnée ?

Le soin psychique consisterait-il à surveiller, réparer, rééduquer, rétablir des cerveaux qui dysfonctionnent ? L’Evidence Based Medecine qui se veut scientifiquement probante ne laisse plus de place au doute, au manque.  Le crépuscule d’un soin qui se préoccupe du sujet ?

De quoi se plaint vraiment le patient lorsqu’il évoque le trouble ? Produit-il du fantasme ? Stimule-t-il notre imaginaire ? Nous conduit-il parfois à nous faire oublier la manière dont la rencontre avec le patient peut nous troubler ? Acceptons-nous encore l’étrangeté, l’ineffable, l’indicible, l’autre… Le trouble nous trouble.

Est-ce ce flou qui, paradoxalement, nous invite à douter ? A questionner nos évidences ? Comment redonner à l’écoute ses lettres de noblesse ? Comment transformer notre regard de telle sorte qu’il s’ouvre au paradoxe, à l’indéterminé ? Le trouble accepté, élaboré, assumé peut-il laisser place à la rencontre et à la créativité ? 

Pendant ce temps-là, les soignants désertent l’hôpital dont le moindre des troubles se nomme burn-out, fermeture de lits, contentions et isolements, risques psychosociaux. Comment le trouble se manifeste-t-il sur la scène institutionnelle parfois malmenée par les mutations socio-politiques, dans une société où la protocolisation à outrance a vocation à la transparence ?

Embarquez-vous avec nous pour une traversée en eaux troubles pleine de surprises !